Comment gérer les enfants dans les familles recomposées?
La recomposition d’une famille représente un bouleversement important tant pour le nouveau couple que pour ses enfants. Ces derniers subissent bien souvent ce changement sans en avoir le contrôle et ont malheureusement bien peu de pouvoirs : ils doivent parfois changer de quartier, d’école, d’amis, de maison, de chambre et même de rôle au sein de la famille. Parfois, ces enfants ont bien souvent à vivre au sein de deux familles recomposées : celle du père et celle de la mère! Cela représente donc tout un défi et il faut évidemment s’attendre à faire face à de nombreuses difficultés.
Dans toutes les familles, les conflits sont inévitables et les familles recomposées n’y échappent certainement pas. Les principales sources de conflits sont :
- Le pouvoir dans le couple (Qui aura le dernier mot et qui prendra les décisions?);
- Le rôle du beau-parent (Quand et comment intervenir avec les enfants de son conjoint?);
- Le partage des tâches ménagères et des responsabilités;
- Le partage de l’espace dans la maison (chambres, salon, lieux communs);
- Le partage de la télé, de l’ordinateur et des jeux vidéo;
- Les difficultés d’adaptation des enfants (leurs réactions);
- Les règles et les habitudes de vie (les repas, les heures de coucher, etc.);
- L’attention et le temps donnés à chacun : à ses enfants versus aux enfants de son conjoint;
- La rivalité enfant/beau-parent.
- La rivalité entre les enfants.
- Le choc des valeurs familiales et de l’éducation.
La famille recomposée n’est pas évidemment pas une structure qu’on met en place et qui fonctionne instantanément. En tant que couple, il faut s’y préparer sérieusement. Il est essentiel de discuter et de s’entendre sur la façon d’adresser tous ces aspects de la vie en famille recomposée avant d’entreprendre l’aventure.
Les modes de vie familiaux des deux conjoints sont probablement différents, donc le nouveau couple a tout intérêt à discuter de ces différences et à établir un mode de fonctionnement et des règles communes avant la cohabitation.
Il est important de minimiser les changements, bien qu’il soit normal, après une rupture et avec la venue du nouveau conjoint, de vouloir introduire des changements dans sa vie, il faut essayer de les limiter. Votre enfant aura certainement beaucoup plus de difficultés à s’adapter si vous tentez de tout changer et s’il n’a pas la chance de préserver quelques liens avec le passé. Certains enfants réussissent à passer à travers cette étape en s’accrochant à certains éléments réconfortants de leur vie antérieure, à certaines habitudes sécurisantes. Faites attention de ne pas éliminer soudainement tous les petits repères sécurisants de votre jeune et évitez le déménagement, le changement d’école ou d’amis, si possible.
Il est également important de maintenir le plus possible la routine des enfants; cela les aidera à se stabiliser sur le plan émotif et à s’adapter au sein de la famille recomposée. Le nouveau conjoint a donc tout avantage à accepter le traditionnel repas gastronomique du samedi soir, le brunch en famille du dimanche ou simplement la soirée cinéma du premier vendredi soir du mois!
Bref, soyez attentif aux réactions de votre enfant et restez ouvert à ses propos afin de rajuster le tir, au besoin, de le sécuriser, de solidifier votre relation et de lui montrer le respect qu’il mérite. Une telle attitude lui permettra éventuellement d’accepter les changements qui lui sont infligés et facilitera son adaptation et son intégration progressive dans cette nouvelle réalité imposée.
Comment favoriser une belle entente entre les enfants?
La rivalité entre frères et sœurs est un phénomène normal qui se traduit souvent par des querelles dans la majorité des familles. La situation n’est certainement pas différente dans les familles recomposées! Bien que les deux partenaires aient choisi de vivre ensemble, il en est tout autrement des enfants, qui doivent maintenant partager leur quotidien avec de nouveaux « frères » ou « sœurs » par alliance. Il n’est surtout pas garanti qu’ils réussiront à s’accepter ou à s’entendre facilement, particulièrement au début! Leur manque d’histoire commune, de vécu commun, les différences dans les habitudes, les mentalités et les valeurs entraînent forcément une certaine distance et peuvent devenir sources de conflits ou de querelles importantes.
Les trucs suivants faciliteront les relations entre les enfants de la famille recomposée.
- Laisser aux enfants le temps de s’apprivoiser, de se connaître. Il ne faut pas forcer les enfants à faire des choses ensemble. Surtout, il ne faut pas exiger d’eux qu’ils s’entendent « comme frères et sœurs »! Soyez patient et respectez leur rythme.
- Essayer de découvrir les intérêts communs. Tentez de découvrir les activités préférées communes qu’ils pourront partager et qui leur permettront de développer la complicité et les liens essentiels à la bonne entente.
- Garder une communication bien ouverte. Soyez attentif aux besoins et aux revendications des enfants et créez des occasions d’en parler : « Je ne veux pas que Mathieu prenne mes BD sans me le demander », « Julie fouille toujours dans mes vêtements! » Le repas, par exemple, peut devenir une occasion pour chacun d’exprimer ses préoccupations ou ses besoins, de donner son avis, bref d’établir les bases de la nouvelle famille.
- Faire des choses ensemble. Partagez des activités (activités de groupe, jeux, etc.) avec les enfants. Cela permettra à tout le monde de mieux se connaître et de développer ainsi une certaine forme de complicité. C’est le vécu partagé qui crée les souvenirs manquants et les liens qui tissent la famille recomposée.
- Éviter les favoris. Soyez prudent : les règles et les attentes doivent être les mêmes pour vos propres enfants que pour ceux du nouveau conjoint (du même âge). Il serait difficilement acceptable de permettre que l’heure du coucher soit différente selon le parent, n’est-ce pas?
- Faire des activités seul avec ses propres enfants. N’hésitez pas à susciter des occasions de recréer la fratrie d’avant. Vos enfants ont besoin de sentir que le noyau de base existe toujours. C’est une sécurité qui leur permettra de mieux accepter la vie avec le reste de la tribu!
- Prendre en considération le partage de l’espace et le besoin d’intimité de chacun. Le partage de l’espace et le besoin d’intimité sont à la base de bien des tensions, des conflits et des jalousies. Pour la famille qui débarque chez le nouveau conjoint (les « arrivants »), le sentiment d’être intrus dans la maison et de ne pas se sentir chez soi est difficile à évacuer. À l’inverse, les membres de la famille qui accueillent (les « occupants ») peuvent se sentir envahis par ces nouveaux venus qui débarquent dans leur quotidien. Dans tous les cas, le partage de l’espace est délicat et devra être planifié adéquatement afin de tenir compte du besoin d’intimité de chacun.
Malgré tout, si les disputes persistent et qu’il y a mésentente chronique entre les enfants, n’hésitez pas à faire appel à un intervenant (psychologue, travailleur social, etc.); il vous donnera des moyens supplémentaires pour stabiliser la situation. Toutefois, gardez à l’esprit que, dans toute famille, la rivalité entre frères et sœurs et les querelles sont monnaie courante; c’est également le cas dans les familles recomposées!